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Bref historique de la présence des Églises sur le web

Durant des années, les institutions ecclésiales ont utilisé le web comme vitrine. Elles sont aujourd’hui dans une situation plus difficile alors qu’il faut envisager l’interactivité, changer de ton et d’objectifs. Ces mutations touchent au statut d’institution des Églises et à la coexistence de différents modèles de fonctionnement. Nicolas Friedli est théologien, responsable web et réseaux sociaux de l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN).

Le «décrochement» des institutions. En parcourant ce bref historique, on constate trois décrochements qui ont affecté les institutions. Pas seulement les Églises et entités paraecclésiales, mais toutes les institutions. Dit autrement, ce n’est pas tant l’«ecclésialité» que l’«institutionnalité» des Églises qui pose question. Ces trois moments sont: la difficulté à accepter l’interaction au moment du web 2.0; la difficulté à adopter le ton très libre et personnel des réseaux sociaux; la difficulté à comprendre et utiliser le web comme outil de propagande – voire de survie – actuellement. Pour comprendre au mieux ce problème d’«institutionnalité», essayons-nous à la génétique et comparons l’ADN des réseaux sociaux à celui des institutions: Églises, États, police, partis politiques, banques et assurances, poste, CFF, etc.

Voici quelques oppositions essentielles, dans une liste non exhaustive: officialité contre avis personnel; structure et hiérarchie contre réseau mouvant et a-hiérarchique; validation contre spontanéité; information contre sentiment; lenteur contre vitesse; sens de l’histoire contre immédiateté; horaire fixe contre vingt-quatre heures sur vingt-quatre; lisibilité contre foisonnement ; communication haut-bas contre communication au même niveau; témoignage rare contre «mode témoignage» implicite.

Ces modèles de fonctionnement coexistent déjà, qu’on le veuille ou non, que l’on s’en réjouisse ou non. Il faut résister à deux tentations simplificatrices: la première qui voudrait qu’un modèle soit meilleur qu’un autre, la seconde qui défendrait qu’un modèle ait remplacé un autre. La coexistence est un constat. Deux manières de comprendre et d’agir que tout oppose existent simultanément, dans un même endroit, et s’adressent à une même population. On peut finasser et défendre que les réseaux sociaux s’adressent aux jeunes. C’est une vue à très court terme qui commence à être démentie par les statistiques et qui ne vaudra plus rien dans quelques années.

Cet extrait provient de l’article «Bref historique de la présence des Églises sur le web» de Nicolas Friedli. Il est disponible dans le n°46 de la Revue des Cèdres: L’Eglise, pour y venir.